Gary Moore

Gary Moore

 

Gary Moore, sorte de Michel Simon jeune et perruqué, avait le physique bonhomme et inquiétant des acteurs de séries B qui se transmutent, le temps d’une scène, d’un rôle de bourgeois amène en serial killer sanguinaire. Il avait le calme jovial et contagieux d’un pilier de pub à la bourrade facile, mais parfois un éclair d’aliénation perçait son regard tendre et mouillé, on contemplait alors ses battoirs de bouchers avec un autre regard… Sa musique reflétait parfois la même dualité. Entre les notes « santanesques » de « Parisian Walkways », ce slow sans vagues qui aurait pu servir de sauce sonore à une paillote en bord de mer, les arpèges FM de « Empty Rooms » et le blues primaire et vénéneux de « Need Your Love So Bad », il passait du calme au menaçant sans crier gare.

C’est sans crier gare que Moore prit congé de tous, un matin de 2011, alors que tout semblait filer droit dans sa carrière. Le guitariste fut retrouvé sans vie dans la chambre luxueuse d’un palace espagnol de la station balnéaire d’Estepona. Pas d’overdose, pas de fin de partouze un peu glauque, mais une soirée d’apparence tranquille lors de laquelle il ingurgita une quantité d’alcool qui aurait plongé n’importe quel être normal dans le coma. Lui s’était simplement mis au lit auprès de sa compagne. Et ce cœur, un peu fragile,  malgré la carcasse, qui lâcha.

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